BAFTA 2024 : « Oppenheimer » et « Pauvres Créatures » au coude à coude au niveau des nominations ! – VISIONS

Enfin ! Après une semaine à chroniquer les nominations pour des cérémonies « précurseures » – pas les plus excitantes – nous avons eu droit à celles de la nouvelle édition des BAFTA – les British Academy of Film and Television Awards (équivalent britannique des Oscars), qui jouent toujours un rôle majeur dans la saison. Avec les SAG Awards, c’est indéniablement la cérémonie la plus décisive des prochains mois.

L’année dernière, les BAFTA avaient, à mon humble avis, affiché un palmarès « d’acting » sans fautes : la British Academy avait choisi de récompenser Austin Butler et Cate Blanchett, respectivement pour Elvis et TÁR – ceux qui auraient dû décrocher l’or aux Oscars selon moi. Pour le reste des victoires, j’étais dubitatif – n’étant pas très enthousiaste vis-à-vis de À l’ouest, rien de nouveau et Les Banshees d’Inisherin. Les votants avaient eu du nez, puisque ces deux long-métrages se sont révélés être des compétiteurs majeurs lors des Oscars, et le premier a remporté pas moins de 4 trophées. Après avoir levé le voile sur les traditionnelles « longlists » il y a quelques semaines, les BAFTA ont finalement révélés leurs nominations !

C’est devenu une habitude cette saison : Oppenheimer a – une nouvelle fois – empoché le plus de citations de tout les films sélectionnés, pour un total de 13. Il est suivi de près par Pauvres Créatures (11 nominations !) qui pourrait grandement bénéficier de sa double nomination dans les catégories des Meilleurs films. Sa Némésis rose bonbon, Barbie, n’a pas eu la même chance (5 nominations seulement), occulté par Anatomie d’une chute (qui confirme son statut de succès à l’international) La Zone d’Intérêt et Killers of the Flower Moon. Toutefois, ce dernier est – très étrangement – absent des catégories Meilleur réalisateur, Meilleur acteur et Meilleure actrice. Pas de Martin Scorsese, pas de Leonardo DiCaprio, pas de Lily Gladstone ! C’est assez inquiétant, et j’ai globalement le sentiment que l’engouement autour de la fresque épique du réalisateur des Affranchis retombe.

Je ne suis pas un expert en BAFTA – je débute dans ce domaine là – mais d’après Jordan Ruimy de World of Reel, il y a depuis l’an dernier une augmentation considérable de votants étrangers pour les Oscars – dont une majorité britannique (qui se chargent également des BAFTA). Ainsi, ces nominations ont un impact bien plus important sur la 96ème cérémonie des Academy Awards qu’auparavant, ce qui rend l’absence de Gladstone d’autant plus préoccupante. Jusqu’ici grande favorite, elle a dû essuyer un échec cuisant aux Critic’s Choices et maintenant faire face au fait qu’il lui est devenu presque impossible de remporter la statuette en mars ! Les SAG Awards vont confirmer ou non cette évolution, mais si Lily Gladstone vient à sous-performé dans les prochaines semaines, on peut être sûr que l’Oscar reviendra à Emma Stone – qui, j’en suis sûr, décrochera le BAFTA.

Les places de DiCaprio et Gladstone ont étés fauchées par le casting de Saltburn – si je ne suis pas très heureux de la nomination de Jacob Elordi, celle de Rosamund Pike (et dans une moindre mesure Barry Keoghan) m’enchante ! Martin Scorsese n’est pas le seul gros nom a avoir été snobé : Greta Gerwig et Yórgos Lánthimos ont étés royalement ignorés ! Je me demande vraiment ce qui s’est passé dans la tête des votants, car cela diffère avec tout ce à quoi nous nous attendions jusqu’ici. Bradley Cooper et Justine Triet, en revanche, ont tirés leurs épingles du jeu, tout comme leurs films qui ont surperformés ! Je ne m’attendais pas non plus à une telle omniprésence de La Zone d’Intérêt, mais c’est le film qui représentera la Grande-Bretagne aux Oscars alors il est logique qu’il soit cité.

En prenant du recul, ces nominations sont vraiment… étranges, je n’ai pas d’autres mots. Il y a une criarde absence de logique qui domine : Killers of the Flower Moon compte parmi les candidats en lice pour le BAFA du Meilleur film, mais n’est pas présent dans les catégories du Meilleur réalisateur ou de la Meilleure actrice (alors que Robert de Niro est bel et bien mentionné). Pauvres Créatures cumule 11 nominations – la British Academy a donc beaucoup apprécié le film, et pourtant ne l’a pas nominé pour Meilleur réalisateur (alors que c’est le cinéaste qui donne l’impulsion et qui coordonne l’ensemble des domaines techniques et artistiques de son œuvre, qui sont ici tous nominés). N’oublions pas que Mark Ruffalo et Willem Dafoe ont étés snobés.

Sans jamais nous connaître a beau avoir 6 citations à son actif (dont Meilleur film britannique, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario adapté et Meilleure actrice dans un second rôle), Andrew Scott ne concourra pas pour le trophée du Meilleur acteur. Oppenheimer est le film le plus cité, mais il est absent de meilleur casting alors que tout ses acteurs principaux sont présents. Greta Lee n’est pas dans la compétition pour Past Lives, mais Teo Yoo oui – alors qu’il a jusqu’ici été très discret et moins acclamé que son homologue féminin. Même le regain d’intérêt pour Saltburn n’est pas cohérent : son casting est nominé, mais pas sa photographie alors que c’est le seul aspect véritablement « Oscarisable » du film.

Je suis perplexe face à cette liste de nominations. Le point positif, c’est que Pauvres Créatures tient sa chance de devenir le rival principal d’Oppenheimer à la place de Killers of the Flower Moon. Nous verrons comment cela se déroulera le 18 février – jour de la cérémonie, qui sera présentée par David Tennent.

Les nominations :